Faire du sport booste la réussite scolaire

Trop d'élèves arrêtent la pratique sportive à cause des devoirs. C'est une erreur fondamentale. Le sport permet de développer le goût de l'effort propre aux études et il procure un bienfait irremplaçable. On en a discuté avec les élèves de l'Ecole de Provence et Sports Elite Jeunes.

Les chercheurs en conviennent : la pratique sportive favorise la réussite des élèves. Par le bien-être qu’elle procure via la sécrétion d’endorphines, l’évacuation du stress, la confiance en soi qu’elle génère, ou encore le goût de l’effort ainsi cultivé. L’éducation physique et sportive réhabilite l’effort au centre des apprentissages, et cela vaut pour toutes les matières scolaires.

Trop de devoirs, ciao le sport : mauvais choix !

Et pourtant ! Bien des collégiens et lycéens stoppent la pratique du sport le mercredi et le week-end, comme l’ont confirmé les élèves de première de l’Ecole de Provence (Marseille 8e) ce mercredi à l’occasion d’une conférence sur le sport et la santé des jeunes, organisée par M24 et Sports Elite Jeunes. « Nous n’avons pas le temps en raison du grand nombre de devoirs ! » se sont écrié presque d’une seule voix les quelque 180 filles et garçons.

« Mauvais choix ! » a répondu Manon Sadoun, interne en médecine à Marseille, en voie de spécialisation en médecine du sport. Lancée dans des études très exigeantes vers une carrière, que plusieurs des élèves présents espèrent rejoindre dans un an au terme de leur Bac, la jeune femme s’est confiée : « Quand on se retrouve en situation de désarroi comme j’en ai connue dans mes études, le sport aide à surmonter les difficultés. Pour moi, cela a été déterminant.« 

Vive les « hormones du bonheur » !

Elle a également expliqué comment une bonne musculature aide au fonctionnement général des articulations, en évitant de trop les solliciter. Manon Sadoun leur a également parlé des « hormones du bonheur », les fameuses endorphines sécrétées par le cerveau à la suite, par exemple, de la pratique d’une activité physique. Vous savez, cet état un peu planant atteint durant les heures qui suivent une bonne sortie à vélo ou une grosse rando…

Elles procurent du plaisir en raison de leur action anxiolytique, antalgique et relaxante. D’ailleurs, même la cheffe d’établissement de Provence a confié à ses élèves s’astreindre à faire du sport malgré une charge de travail phénoménale : « J’en ai besoin pour m’aérer, je sais que c’est essentiel », avait lancé Marie-Pierre Chabartier en guise d’introduction à la conférence.

« Société de la flemme »

A la question de prendre le temps de bouger même quand on est assommé de devoirs, une élève a interrogé : « On aimerait bien faire ce que vous préconisez, mais comment est-ce possible quand on a 8 heures de cours d’affilée ? » Mme Sadoun a répondu en invitant les élèves à profiter des récrés pour marcher au lieu de rester statiques dans la cour, soulignant que chaque mouvement, même le plus anodin, est bénéfique : pas d’ascenseur mais les escaliers systématiquement, accomplir à pied une partie du trajet pour venir à l’école le matin (« sortez une station de métro avant »)…

Pas facile de porter ce message quand on baigne dans ce qui devient une « société de la flemme« , comme la qualifie Maxime Travert, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences du sport de Luminy (Aix-Marseille Université), auteur de plusieurs études sur la pratique sportive des collégiens et lycéens des Bouches-du-Rhône et que nous avons rencontré en début de semaine. Ses données ont servi à alimenter le débat à l’Ecole de Provence. Il constate d’année en année une baisse accélérée et parle même de « décrochage sportif« .

La pratique sportive recule fortement chez les ados

A tel point que seuls 13% des 11-17 ans réalisent au moins une heure d’activité physique quotidienne d’intensité modérée, en phase avec les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Donc 87% des adolescents n’en font pas assez pour cultiver une bonne santé ! La France se classe 22e sur 25 pays européens.

Dans les Bouches-du-Rhône en 2001, 79% des 13-19 ans pratiquaient une activité sportive au moins une fois par semaine. En 2015, ce taux avait reculé à 65,8%, avec une baisse plus marquée chez les filles que chez les garçons, encore plus nette chez les filles issues de milieux sociaux défavorisés. Seule 1 fille sur 2 d’origine modeste faisait du sport au moins une fois par semaine, quand on atteint 2 sur 3 dans les familles plus aisées (voir la synthèse de ces études dans un article de Libération recensant les études des chercheurs marseillais, 4/12/2019). Les statistiques seraient encore plus alarmantes pour ces dernières années.

Des stages intensifs durant les vacances

Une solution pour retrouver le goût du sport se niche peut-être dans les stages durant les vacances. C’est la spécialité de Sports Elite Jeunes, partenaire de M24 dans sa démarche pour le développement du sport au profit des scolaires. Loris Dalla Riva et Elsa Bousquet ont présenté les stages de l’été prochain pour les 6-17 ans, intensifs avec 6 heures par jour de foot, basket, handball, tennis, volley et même moto-cross, soit une quinzaine de disciplines, ou bien à variante sportive le matin et ludique l’après-midi. La formule associant sport et e-sport a par exemple séduit plusieurs lycéens ce mercredi.

Enfin, la partie de la conférence sur l’alimentation a également accroché les ados. Manon Sadoun a insisté sur les spécificités liées à cet âge : besoins supplémentaires en fer, magnésium, vitamines, protéines, d’où la nécessité de bien se nourrir pour bien grandir et donc… bien étudier !