Pour faire de vieux os, il est conseillé de pratiquer une activité physique intensive notamment avant et juste après la puberté. Tel est le résultat des recherches conduites par le laboratoire Inserm U1059 basé à Saint-Etienne. Sa directrice, le docteur Laurence Vico, en est convaincue : une pratique sportive soutenue dans l’enfance renforce le capital osseux, et cela pour la vie entière.
On connaissait déjà l’importance du développement, entre 6 et 17 ans, des capacités cardiovasculaires et cardiorespiratoires. Elles vont impacter notre – bonne ou moins bonne santé – toute la vie. D’ailleurs la sédentarité galopante depuis quelques années a fait chuter d’au moins 25% la capacité cardiovasculaire des jeunes de 2020 par rapport à ceux de 1980. Un recul phénoménal.
Tous les indicateurs dans le rouge
Malheureusement, tous les indicateurs vont dans le même sens. Les capacités physiques des enfants ont baissé au fil des dernières décennies, notamment en raison d’une activité physique et sportive moindre.
L’étude pilotée par le professeur François Carré (CHU de Rennes) pour le collectif « Pour une France en forme » auprès de 9000 collégiens français, et rendue publique lundi 6 février 2023, brosse un tableau alarmant des capacités physiques des petits Français (voir notre article précédent : « Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants. ») : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987 (date d’une première enquête) ». Chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses.
« On est face à un tsunami »
« On est en face d’un tsunami d’inactivité physique et de sédentarité, prévient le médecin. Personne ne bouge parce qu’on ne sait pas que c’est dangereux. » Il est pourtant facile d’inverser cette courbe quand les enfants et adolescents sont encouragés à pratiquer de l’activité physique. Ils regagnent rapidement des capacités cardiovasculaires, respiratoires et musculaires.
Le constat vaut également pour les os. Or on sait que l’ostéoporose est un fléau à partir de 60 ans, qui touche prioritairement les femmes (2 à 3 fois plus que les hommes); elles seraient 3 millions à en souffrir en France. Cette fragilisation des os aboutit souvent à des fractures, des douleurs, un tassement du corps.
Ostéoporose retardée de 13 ans !
Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’activité physique soutenue dans l’enfance permettrait un gain très significatif. « Les études biomécaniques vont toutes dans le même sens, souligne le Dr Vico : l’exercice physique intense en période péripubertaire apporte des bénéfices durables vis-à-vis des paramètres géométriques de l’os. Un capital osseux incrémenté de 10% à ces âges retarderait le début de l’ostéoporose de 13 ans. » Cette communication, faite au sein du Groupe de recherche sur les ostéoporoses fin janvier à Paris, est rapportée par l’excellent site professionnel Medscape.
Sports de saut, course à pied et rando plébiscités
Les sports jugés les plus bénéfiques dans cette acquisition du capital osseux sont l’haltérophilie, les sports de saut, la course à pied et la randonnée. En exerçant une charge sur l’appareil locomoteur entier, ils stimulent la formation de masse osseuse. On pensait que le cyclisme et la natation étaient moins propices en ce domaine, même s’ils ont d’autres qualités essentielles. Eh bien ce n’est pas totalement vrai ! Ainsi les dernières données scientifiques estiment qu’une augmentation de la masse osseuse pourrait aussi survenir chez les nageurs, au niveau des membres supérieurs. Idem chez les joueurs de tennis.
Le sport à l’âge adulte perpétue ce patrimoine
La pratique du sport durant la vie adulte permet en outre de conserver une densité minérale osseuse plus élevée par la suite. Elle aiderait à prévenir la perte osseuse due au vieillissement. Bref, les gains acquis par le sportif tout au long de sa vie se maintiennent et s’avèrent très intéressants, particulièrement chez la femme après la ménopause. L’un des objectifs est évidemment de réduire le risque de fracture.
Faut-il encore des preuves que le sport rend les enfants non seulement épanouis, mais est aussi à l’origine de leur capital santé adulte ?
Philippe Schmit