Avec Clara, Arthur et Roselène, le sport rend vraiment plus fort !

Réunis par M24, 250 élèves se sont retrouvés au Vélodrome pour parler des vertus du sport qui permet de surmonter les difficultés de la vie. Ils sont repartis gonflés à bloc après avoir entendu des témoignages incroyables de champion(ne)s.

Le célèbre pédopsychiatre Marcel Rufo en a entendu des vertes et des pas mûres en 50 ans de carrière. Il sait tout des raisonnements adolescents. Pourtant, il n’en est toujours pas revenu de la spontanéité généreuse des 250 jeunes Marseillais qu’il avait face à lui mardi dernier, dans les salons de l’Orange-Vélodrome !

Rassemblés par notre association et sa présidente Muriel Pruvot, avec OM Fondation et le soutien de Sodexo, pour discuter du thème « Comment le sport nous rend plus forts », ces collégiens et lycéens sont venus de 8 établissements et des quatre coins de la ville (Capelette, La Viste, Cabucelle, Saint-Giniez, Saint-Mauront, Castellane, Le Camas…). Face à eux, 3 médecins – le Pr Rufo donc, la Pr Brigitte Chabrol et le Dr Hervé Collado – et deux sportives de haut niveau, la championne de France de natation handisport Clara Mattei, et la footballeuse professionnelle de l’OM Roselène Khezami. Ces dernières ont capté toute la lumière.

Le message d’Arthur, triple médaillé d’or paralympique

Et puis il y avait un bonus à ce plateau d’invités : la présence en visio du triple champion paralympique de ski, Arthur Bauchet. Depuis le Japon, le Varois leur a adressé un message émouvant. Victime d’une maladie qui provoque la dégénérescence musculaire, chacune de ses descentes peut se terminer en crise douloureuse qui arrache des cris au slalomeur, avec les jambes qui vibrent de manière incontrôlable et violente, comme les élèves ont pu le constater sur un reportage.

Celle qui l’a soigné à l’hôpital de la Timone, la professeure Brigitte Chabrol, a témoigné de son courage et malheureusement confirmé qu’il n’y aurait pas de rémission. Un jour, peut-être proche, Arthur Bauchet ne pourra plus skier car ses jambes ne le porteront plus. « Déjà aujourd’hui il se déplace souvent en fauteuil. Mais il a un moral et une volonté incroyables et toute l’équipe de l’hôpital est étonnée et admirative de ce qu’il réussit. » Question d’un garçon : « Mais il ne risque pas de se faire très mal s’il tombe ? » Réponse de la médecin : « Pas plus que n’importe qui. Et je ne suis pas inquiète, il a une musculature qu’aucun de vous n’a, sinon il n’y arriverait pas.« 

Clara, amputée des jambes à l’âge de 9 mois

Le décor était planté pour l’intervention de Clara Mattei. La nageuse marseillaise qui s’est présentée en fauteuil roulant a embarqué toute la salle avec elle. Simplement, elle a raconté sa joie de vivre, de nager, de rencontrer d’autres sportifs et elle s’estime chanceuse de participer aux compétitions.

Une vague d’émotion parcourt l’assistance lorsqu’elle raconte qu’elle a dû être amputée des deux jambes au-dessus des genoux à l’âge de 9 mois à cause d’une maladie qui faisait que ses membres n’étaient plus irrigués aux extrémités. Les doigts ont suivi peu après, la paume de la main est partie également. Les avant-bras sont couturés de cicatrices. Les jeunes spectateurs imaginent les souffrances, se demandent combien de fois on l’a opérée. Ils sont stupéfaits. Aucun pathos chez Clara cependant, elle les fait même rire.

Dispensée de sport car handicapée !

« A l’école, j’étais dispensée de sport, lâche-t-elle. Je pouvais aider les profs à porter les ballons, c’est tout, ou à installer les filets de volley mais je n’y arrivais pas, j’étais trop petite. » Clara a été mise sur la touche des terrains de sport durant toute son adolescence à cause de son handicap.

Alors les questions fusent : « Vous n’êtes pas triste ? » Réponse : « Pouquoi serais-je triste ? Je suis heureuse de pouvoir nager. » « Vous avez toujours accepté votre handicap ? » « A l’adolescence je cachais ma main gauche, puis je l’ai acceptée. » Clara confie qu’au lycée, c’était plus facile qu’au collège, question de maturité des élèves peut-être.

La malice de la nageuse

« Vous n’êtes pas désavantagée quand vous nagez contre des personnes qui ont leurs jambes ? » « Ces concurrents ont en effet leurs jambes mais il ne peuvent pas s’en servir pour se propulser car elles ne fonctionnent pas, du coup c’est un avantage de ne pas avoir de jambes, on tourne plus vite au bout du couloir dans la piscine et ça me permet de gagner. Il n’y a pas que des désavantages à n’avoir pas de jambes ! » lance malicieusement la championne de France.

Les questions sont cash, les médecins s’en amusent tout en louant la spontanéité des élèves. « Et si on vous proposait d’avoir des jambes normales ? » « Je dirais non ! Mes jambes sont très bien. Je garde mes petites prothèses et mes petits moignons ! » Applaudissements et éclats de rire dans la salle, grand sourire de Clara. Le public est conquis.

Nouvelle opération pour supporter ses prothèses

Pour ces adolescents, il est alors bien évident que le sport rend plus fort. Car la Marseillaise qui travaille à l’Hôpital Européen leur confie qu’elle s’est mise tardivement à la natation, qui lui a prodigué de grandes joies : déjà 2 titres de championne de France en 2022 et 2023. Elle se projette vers les Jeux Olympiques 2028 à Los Angeles. Car pour Paris 2024, c’est cuit : depuis cinq mois Clara est en rééducation dans un centre spécialisé à Hyères, dans le Var. Clouée sur son fauteuil.

Elle a dû subir une intervention chirurgicale délicate à l’hôpital de la Conception pour réadapter ses moignons à ses prothèses. C’était devenu trop douloureux, elle ne pouvait plus marcher. Le combat n’est pas encore gagné, mais rien n’arrête Clara. « J’espère rentrer chez moi en avril. » Sept mois de galère pour espérer se passer du fauteuil… Sans se départir de sa bonne humeur.

« Votre génération est plus accueillante que les précédentes »

Le pédopsychiatre Marcel Rufo est subjugué par l’échange. « Votre génération est nettement supérieure aux autres dans la relation au handicap. Vous êtes une génération nettement plus sympathique et accueillante que les précédentes ! » Avant d’ajouter un bémol qui s’adresse à la société française toute entière : « Il reste le handicap cognitif difficile à intégrer. Mais il y a toujours des petites victoires d’une ou deux heures, c’est aussi bien que des médailles olympiques. J’ai vu des enfants autistes apprendre à lire à 30 ans.« 

Roselène, exilée à 14 ans

Installée à côté de Clara, voilà une autre sportive que pas grand-chose ne stoppe : c’est Roselène Khezami, 22 ans, footballeuse à l’Olympique de Marseille. Blessée au pied, elle est venue témoigner de son parcours et du sport qui a transfiguré sa vie. Native de la cité phocéenne, elle a dû quitter ses parents à l’âge de 14 ans pour rejoindre un centre de formation. « C’était dur, j’ai quitté ma zone de confort.« 

Elle a déjà fait 3 saisons à Saint-Malo en D2 et une autre à Orléans. « Ce n’était pas évident à 17 ans d’avoir à gérer son appartement, de se faire à manger, de faire ses lessives, et de ne pas voir sa famille restée à 1200 km. » Puis cette confidence en forme de regret : « Je n’ai pas beaucoup d’amies, parce que quand on joue à un haut niveau, on s’entraîne, on ne sort pas, les écarts sont interdits. Tes amies, c’est ton équipe en fait. »

« Hargneuse, moi ? Non, marseillaise ! »

Roselène a pu rejoindre son club de coeur – l’OM – en juillet dernier et revenir habiter chez ses parents. Objectif : la montée en D1 cette saison. Enorme cerise sur le gâteau, l’arrière latérale devrait jouer la Coupe d’Afrique des Nations l’été prochain sous le maillot de l’Algérie.

« J’ai 3 nationalités, explique-t-elle devant les ados ébahis. Je suis algérienne par ma mère, tunisienne par mon père et je suis française. » Question de votre serviteur : « On dit que vous avez un caractère hargneux sur le terrain, c’est vrai ? » Réponse du tac-au-tac : « Je suis marseillaise !« 

« Je vais là où la joie me mène »

On terminera la conférence avec cette question d’une lycéenne adressée à Clara Mattei : « Où trouvez-vous la force de vous battre ? » Clara : « Je ne me bats pas. Je vis comme toi. Je vais là où la joie me mène. » Comme en ce jour de juin dernier où elle vint nager avec 140 enfants réunis par M24 au Cercle des Nageurs de Marseille (photo ci-dessus).

Mardi soir, dans les salons du Vélodrome, avant de reprendre le car pour retourner dans leurs quartiers, la joie était dans les sourires des filles et des garçons venant prendre la pose à côté de Clara et Roselène. Ce 13 février fut un jour merveilleux pour nos 250 élèves, leurs professeurs, les chefs d’établissement et les partenaires de notre association.

Peu avant la conférence, ces derniers avaient d’ailleurs eu l’occasion d’échanger sur les actions de M24 et de se retrouver pour une mémorable photo de famille sur la pelouse du Vélodrome !

Le recteur d’académie alerte sur la santé des jeunes

La présidente de l’association Muriel Pruvot a déroulé devant les soutiens de M24 un programme ambitieux pour 2024 avec de grands rassemblements sportifs inter-établissements en avril, mai, juin et octobre, une réflexion sur l’e-sport et la poursuite de conférences de sensibilisation dans les écoles.

Une initiative saluée notamment par Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de Marseille, Hervé Liberman, président du Comité régional olympique et sportif, et le recteur d’académie en personne, Bernard Beignier. Il a rappelé l’impérieuse nécessité d’encourager les enfants à pratiquer l’activité physique afin d’endiguer la catastrophe sanitaire qui se profile en raison de la sédentarité, du surpoids et du recul effrayant des capacités cardiovasculaires des 11-17 ans qui, accrochés à leurs écrans, sortent beaucoup moins

120 minots de M24 sautent dans le bain… olympique !

C’est une aventure hors du commun qu’ont pu vivre ces élèves durant un après-midi : nager dans le bassin des champions olympiques et à leur tour remporter des coupes.

« Waouh ! C’était trop bien ! » Clélia est rayonnante. Et pas peu fière ! Cette élève en 3ème à l’institution Vitagliano-Apprentis d’Auteuil de Marseille n’avait pas mis un orteil dans une piscine depuis un an. Mais là, elle vient de participer au relais contre la championne de France handisport 2023, Clara Mattei. Et Clélia a réalisé un temps canon sur 50 mètres. De quoi redonner le goût de plonger !

A son image, 120 enfants du CM1 à la terminale ont participé le 20 juin au premier Relais Natation organisé par l’association M24 Sport Santé, qui fédère une douzaine d’établissements scolaires. L’objectif est de promouvoir la santé et lutter contre la sédentarité en les sensibilisant aux vertus du sport.

Lycée Notre Dame de la Viste vainqueur du relais

« A Marseille, il faut d’abord savoir nager pour sa sécurité. »

Jean Castelli, président délégué du Cercle des Nageurs

« Aider les enfants à pratiquer l’activité physique est une urgence quand on voit les dégâts provoqués sur cette génération par la sédentarité et l’obésité« , insiste Dominique Rabier, président par intérim de M24. T-shirt orange sur le dos, cet ancien chef d’établissement et prof d’EPS a arpenté le bassin de 50m en long et en large. Il savoure : « Organisation parfaite !« 

École Lacordaire, 2ème

 

C’est le Cercle des Nageurs de Marseille – partenaire de M24 depuis son lancement – qui a accueilli l’événement dans sa magnifique piscine olympique des Catalans et mobilisé ses maîtres-nageurs pour l’encadrement. « Quand on vit à Marseille, il faut savoir nager, pour profiter de la mer, mais d’abord pour sa sécurité« , soulignera le président délégué du Cercle, Jean Castelli, lors de la remise des coupes.

D’ailleurs une trentaine d’enfants ont passé à cette occasion le fameux test du savoir-nager sans lequel point de salut si on veut pratiquer des activités aquatiques. « Souvent les établissements scolaires ont du mal à avoir des créneaux dans les piscines, ici c’est l’idéal« , souligne Muriel Pruvot, cheffe d’établissement en primaire à Saint-Charles Camas et membre du conseil d’administration de M24.

Sous la conduite de Pascal, responsable des maîtres-nageurs, et de ses deux collègues Aline et Frédérique, sans oublier l’appui des bénévoles du Grand Large qui surveillent l’évolution des petits, ça plonge à tout-va. Les élèves de cours moyen sont aux anges, ils donnent toute leur énergie pour nager dans un si grand bassin.

Ibn Khaldoun, 3ème

Sous l’oeil des athlètes

Les enseignantes et les parents accompagnateurs sont eux aussi impressionnés par la majesté des lieux. Ils guettent les athlètes sculptés comme des dieux grecs qui vont démarrer leur entraînement. Plusieurs vont disputer les championnats du monde au Japon courant juillet. Puis les Jeux Olympiques en 2024.

Arrivés de la Viste (collège-lycée Notre-Dame), de la Cabucelle (collège Ibn Khaldoun), du Camas (Saint-Charles Camas), de l’école Saint-Barnabé, de Saint-Just (Ecole Lacordaire) ou de la Blancarde (Vitagliano), les enfants barbotent sous le regard amusé des cadors. Ils participent à des relais endiablés.

Chez les lycéens et collégiens, ça ne rigole pas. Finalement, La Viste coiffe Lacordaire sur le poteau, Ibn Khaldoun termine 3e devant Vitagliano. Ces jeunes ne s’étaient jamais rencontrés, et ils l’ont fait dans un remarquable esprit de fair-play.

Clara Mattei et Mélanie Hénique, 2 stars des bassins

Ils ont même nagé – et ont pu l’emporter en cadeau ! – avec le bonnet de bain frappé à l’effigie du Cercle des Nageurs; celui qui a coiffé tant de tête couronnées : Jany, Manaudou, Gilot, Wattel ou Mélanie Hénique. La championne du monde 2022 en relais 4 nages a d’ailleurs remis les trophées aux jeunes vainqueurs, en compagnie de Julien Jacquier, l’entraîneur du Cercle des Nageurs, et de Clara Mattei, la championne de France handisport qui a fortement impressionné les participants. 

L’opération sera reconduite en 2024, cela semble une quasi-certitude. Mais au nom de son partenariat, le Cercle des Nageurs pourrait également ouvrir des créneaux à destination des écoles afin que les élèves passent le test du savoir-nager durant l’année scolaire. C’est cela le triple effet M24 : prendre du plaisir, se dépasser et se former. Tout ceci grâce au sport.

En octobre, place au rugby

Prochain rendez-vous sportif pour les établissements scolaires affiliés à M24 Sport Santé: une « Coupe du Monde de Rugby des écoles » sur les terrains du SMUC en octobre. Ce sera une autre paire de manches ! Déjà une douzaine de classes ont candidaté. Moralité : il n’y a pas que le foot à Marseille !

Le sport rend plus fort : la preuve par 200

Le Grand Relais organisé par M24 Sport Santé a démontré combien les enfants adorent la pratique du sport. Il suffit de leur en donner les moyens. Récit en mots et en vidéo d’une journée fantastique.

Ne rien lâcher ! Surtout pas ! Quand des enfants participent à un challenge sportif, ils donnent tout. Jusqu’à passer la ligne d’arrivée en se jetant à terre avec leurs dernières forces !

Cet incroyable engagement, les enseignants et les parents qui encadraient le Grand Relais sur le stade Pierre-Delort vendredi 26 mai l’ont encore constaté de manière éclatante. Cette journée sportive réunissant sept classes d’écoles impliquées dans l’association M24 Sport Santé fut un succès accompli par plus de 200 élèves de CM1 et CM2.

Endurance et habileté

Particulièrement exigeants, les deux relais conduits sur la somptueuse piste d’athlétisme ont permis aux minots d’exprimer tout leur engagement pour la gagne, comme vous pouvez le voir dans le reportage de Nathan Pulvar Iphaine en tête d’article.

Quatre autres ateliers permettaient de conjuguer endurance et habileté : relais conduite de balle au pied, relais par deux avec un participant aux yeux bandés, un parcours du combattant, et enfin une initiation à la pratique du hockey grâce au stand des Spartiates (merci à l’attaquant professionnel Augustin Nalliod pour l’encadrement et au président de la section amateurs du club, Richard Crouzet).

« Aux armes ! »

Menée tambour-battant sous un soleil de plomb, cette rencontre inter-établissements a fait beaucoup d’heureux lors de la remise des coupes. Les classes de Saint-Charles Camas, Jeanne d’Arc et Sainte-Trinité se sont distinguées par leurs résultats, évidemment dans une explosion de joie.

Et puis à Marseille, tout se termine souvent autour de la ferveur pour l’Olympique de Marseille. Eh bien, ça n’a pas raté ! En ce 26 mai 2023, jour du 30e anniversaire de la victoire en Ligue des Champions, tous les enfants ont entonné à l’unisson le chant de ralliement des virages du Vélodrome voisin : « Aux armes ! » Un magnifique instant de communion illustrant cette fierté d’appartenir à une ville qui a fait du football en particulier, et du sport en général, une valeur cardinale, généreuse, universelle.

Seul petit bémol à cette réussite au service de la santé de nos enfants que le sport rend indéniablement plus forts, l’annulation de la journée dédiée aux collégiens la veille, jeudi 25 mai. Les orages et la pluie qui se sont abattus dès 8h avaient noyé la piste et la pelouse. Ce n’est que partie remise, forcément…

Le 20 juin, dans le grand bain !

Faut-il y voir un signe ? Le dernier rendez-vous sportif qui ponctuera cette première année d’exercice pour notre association sera le Relais Natation au Cercle des Nageurs de Marseille, mardi 20 juin ! Une course entre établissements dans le bassin olympique, carrément !

Merci à la Ville de Marseille pour le prêt des installations au stade Delort, aux Spartiates, à l’ensemble de nos partenaires sans lesquels nous ne pourrions conduire de telles actions, aux enseignants et aux parents d’élèves qui ont animé les ateliers de main de maître, aux bénévoles et encadrants qui n’ont pas ménagé leur peine du matin au soir, et notamment Muriel Pruvot, Julia Rivière, Laetitia Delouis, Baptiste Boulan.

Merci aux enfants : ils sont des exemples de ténacité qui donnent toute leur énergie pour faire gagner leur classe, mais toujours dans le respect des concurrents.

« Je suis venu pour vous alarmer » : l’appel d’un champion aux lycéens

Les lycéens de l’ORT-Bramson à Marseille ont rencontré le joueur de water-polo multi-médaillé Alexandre Camarasa ainsi que des soignants. Ils ont décrypté ensemble leurs (mauvaises) pratiques sportives et alimentaires. Il y a du boulot ! Et de l’espoir !

Alexandre Camarasa ne passe jamais inaperçu dans une assemblée. Colosse de 2 mètres et plus de 100 kilos, il trouve en outre toujours le bon mot et le trait d’humour pour accrocher son auditoire. Mercredi 17 mai, face aux quelque 200 lycéens réunis dans le gymnase de l’ORT-Bramson (Marseille, 10e arrondissement) à l’occasion d’une conférence organisée par M24 Sport Santé, ça n’a pas raté.

« Le sport m’a rendu plus confiant et plus serein. Alors je suis venu aujourd’hui pour vous alarmer, car de moins en moins de gens font du sport. » Neuf fois champion de France de water-polo et vainqueur de la coupe d’Europe, l’ancien capitaine de l’équipe de Marseille et de l’équipe de France n’est pourtant pas ici pour faire la leçon. Il a partagé sa joie de faire du sport, comme son inquiétude personnelle. « Je suivais un régime très strict, mon seul écart c’était le dimanche avec deux petites crêpes au Nutella. Puis j’ai arrêté la compétition de haut niveau il y a deux ans et j’ai pris 15 kilos ! Quand je monte des marches, je suis essoufflé. Avant, grâce à ma discipline sportive, je pouvais déplacer des montagnes. Aujourd’hui, je suis devenu une montagne. »

Sodas : l’overdose

Alexandre s’est repris en main, poursuit le sport en équipe 2 de water-polo au Cercle des Nageurs, et a débuté un régime alimentaire. « Quand le corps va, tout va ! » Il a raconté combien il aime manger, par nature et par culture : « Je suis d’une famille italienne pied-noire. Enfant, quand à table je ne me resservais pas, ma mère appelait le médecin ! Qu’est-ce que tu as mon fils ? » L’autodérision fonctionne à plein avec ces ados.

Le message passe d’autant mieux que la classe de première (spécialité HGGSP) a réalisé, sous la conduite de sa professeure Pauline Ollier, une enquête auprès des élèves pour connaître leurs habitudes alimentaires et sportives. Le résultat n’est pas brillant comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus… Mathilde et Lilou, les deux lycéennes rapporteuses, ont brossé un tableau finalement très classique : assez peu de sport en dehors des cours obligatoires, beaucoup de sodas (55% en boivent régulièrement) et de burgers consommés, le petit-déjeuner sacrifié chez près d’un élève sur deux pour rattraper du sommeil, les repas engloutis en moins d’un quart d’heure…

Le coeur des jeunes s’est affaibli

Hervé Collado, médecin du sport et vice-président de M24, a rappelé les effets dévastateurs du mode de vie actuel qui associe sédentarité et surpoids : augmentation du syndrome dépressif, montée en puissance du cholestérol, du diabète et de l’hypertension artérielle dès l’entrée dans l’âge adulte, voire avant. « A l’arrivée, avec le développement de ces pathologies, votre espérance de vie diminue. Votre génération est la première concernée. » Avec un rappel cinglant : « Le coeur est un muscle. Parce qu’il est moins sollicité, parce que globalement vous bougez moins, il est 30% moins fort que chez les enfants d’avant les années 2000. Et les conséquences sur votre santé sont très importantes. »

Trop de sucre, un vrai poison

« On n’est pas là pour être moralisateurs, mais pour vous donner des outils« , ajoute le Dr Collado. Et ces outils, les bons conseils, c’est la nutritionniste Cécile Capdeville (clinique Saint-Martin Sport) qui les fournit. « J’adore moi aussi les burgers, les pizzas et les sodas, mais on ne peut pas manger n’importe quoi ! » Chiffres à l’appui, elle a expliqué aux lycéens la proportion hallucinante de mauvais gras et de mauvais sucre qui farcit tous ces produits. « Evitez les sodas et même les jus de fruits, l’eau est la seule boisson indispensable à notre organisme. Il y a du sucre absolument partout, notre alimentation est trop riche en glucides. » Pour la nutritionniste, l’omniprésence du sucre s’apparente à un poison pour notre organisme.

La régularité dans la prise des repas est essentielle à l’équilibre. Elle souligne l’importance du petit-déjeuner qui devrait représenter 25 à 30% des apports journaliers – « si vous n’avez vraiment pas faim, emportez de l’eau et une banane ou une pomme à manger dans la matinée, voire une barre céréalière de qualité, car votre cerveau a besoin d’énergie« . Et elle insiste sur l’intérêt d’un goûter l’après-midi (10% des apports) afin de moins manger le soir puisque, faute de se dépenser, on va stocker les graisses en dormant.

Faites comme les… Japonais !

Elle préconise 3 produits laitiers par jour, et des fruits et légumes à chaque repas. Ils apportent de bons nutriments et augmentent la sensation de satiété. « Le Japon est le pays où il y a le plus de centenaires et ce n’est pas un hasard. Ils sont à 10 fruits et légumes par jour ! » Le taux d’obésité y est très faible.

Evidemment, les questions ont fusé. Sur les sodas « light » ou « sans sucre ». Cécile Capdeville a fait la liste des additifs, les fameux E150D, E338, E951… « Tous ces produits peuvent donner des troubles digestifs et des cancers quand on en consomme beaucoup. Et on en consomme trop car les occasions de boire sont devenues nombreuses, que ce soit à la sortie de l’école, lors des apéros ou le week-end. » On pourrait ajouter l’habitude, parfois plusieurs fois par semaine, qu’ont pris nos enfants de manger au fast-food ou d’avaler un kebab arrosé de Coca.

Non aux régimes protéinés

Les boissons énergisantes ? « Préférez les boissons énergétiques« . Les régimes protéinés ? « C’est non. Avoir une alimentation équilibrée, avec de la viande blanche et peu de viande rouge, suffit« . La caféine, c’est bénéfique ? « Pas plus de 3 cafés par jour« .

A l’origine de cet échange, la cheffe d’établissement, Vanessa Zeitoun, pouvait savourer. Car elle aussi s’inquiète de l’hygiène alimentaire de ses élèves et des effets négatifs du manque d’activité physique. « Mais avec le dynamisme impulsé par notre participation à M24, on sent que les choses bougent, les comportements sont plus dynamiques. »

Rendez-vous au stade et à la piscine

En témoigne notamment l’enquête interne conduite par les lycéens à l’occasion de cette conférence. Certains ont ainsi pris conscience de la nécessité de modifier leurs comportements.

Et après la réflexion, n’oublions pas le sport ! Prochains rendez-vous les 25 et 26 mai pour le Grand Relais M24 sur le stade Delort, puis le 20 juin au Cercle des Nageurs pour le relais natation. Le collège-lycée de l’ORT y participera en nombre !

Il faudra être en forme. Chacun sait dorénavant comment se préparer, sans forcer, en mangeant modérément, équilibré, et en bougeant un peu tous les jours. C’est pas sorcier !

Entre 10 et 15 ans, les enfants sportifs fabriquent leurs vieux os !

Une pratique soutenue dès l’enfance de sports comme le saut ou la course à pied garantirait un capital osseux renforcé durant toute la vie. L’apparition de l’ostéoporose tant redoutée après 60 ans serait retardée de 13 ans Voilà qui vaut le coup de s’y mettre !

Pour faire de vieux os, il est conseillé de pratiquer une activité physique intensive notamment avant et juste après la puberté. Tel est le résultat des recherches conduites par le laboratoire Inserm U1059 basé à Saint-Etienne. Sa directrice, le docteur Laurence Vico, en est convaincue : une pratique sportive soutenue dans l’enfance renforce le capital osseux, et cela pour la vie entière.

On connaissait déjà l’importance du développement, entre 6 et 17 ans, des capacités cardiovasculaires et cardiorespiratoires. Elles vont impacter notre – bonne ou moins bonne santé – toute la vie. D’ailleurs la sédentarité galopante depuis quelques années a fait chuter d’au moins 25% la capacité cardiovasculaire des jeunes de 2020 par rapport à ceux de 1980. Un recul phénoménal.

Tous les indicateurs dans le rouge

Malheureusement, tous les indicateurs vont dans le même sens. Les capacités physiques des enfants ont baissé au fil des dernières décennies, notamment en raison d’une activité physique et sportive moindre.

L’étude pilotée par le professeur François Carré (CHU de Rennes) pour le collectif « Pour une France en forme » auprès de 9000 collégiens français, et rendue publique lundi 6 février 2023, brosse un tableau alarmant des capacités physiques des petits Français (voir notre article précédent : « Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants. ») : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987 (date d’une première enquête) ». Chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses.

« On est face à un tsunami »

« On est en face d’un tsunami d’inactivité physique et de sédentarité, prévient le médecin. Personne ne bouge parce qu’on ne sait pas que c’est dangereux. » Il est pourtant facile d’inverser cette courbe quand les enfants et adolescents sont encouragés à pratiquer de l’activité physique. Ils regagnent rapidement des capacités cardiovasculaires, respiratoires et musculaires.

Le constat vaut également pour les os. Or on sait que l’ostéoporose est un fléau à partir de 60 ans, qui touche prioritairement les femmes (2 à 3 fois plus que les hommes); elles seraient 3 millions à en souffrir en France. Cette fragilisation des os aboutit souvent à des fractures, des douleurs, un tassement du corps.

Ostéoporose retardée de 13 ans !

Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’activité physique soutenue dans l’enfance permettrait un gain très significatif. « Les études biomécaniques vont toutes dans le même sens, souligne le Dr Vico : l’exercice physique intense en période péripubertaire apporte des bénéfices durables vis-à-vis des paramètres géométriques de l’os. Un capital osseux incrémenté de 10% à ces âges retarderait le début de l’ostéoporose de 13 ans. » Cette communication, faite au sein du Groupe de recherche sur les ostéoporoses fin janvier à Paris, est rapportée par l’excellent site professionnel Medscape.

Sports de saut, course à pied et rando plébiscités

Les sports jugés les plus bénéfiques dans cette acquisition du capital osseux sont l’haltérophilie, les sports de saut, la course à pied et la randonnée. En exerçant une charge sur l’appareil locomoteur entier, ils stimulent la formation de masse osseuse. On pensait que le cyclisme et la natation étaient moins propices en ce domaine, même s’ils ont d’autres qualités essentielles. Eh bien ce n’est pas totalement vrai ! Ainsi les dernières données scientifiques estiment qu’une augmentation de la masse osseuse pourrait aussi survenir chez les nageurs, au niveau des membres supérieurs. Idem chez les joueurs de tennis.

Le sport à l’âge adulte perpétue ce patrimoine

La pratique du sport durant la vie adulte permet en outre de conserver une densité minérale osseuse plus élevée par la suite. Elle aiderait à prévenir la perte osseuse due au vieillissement. Bref, les gains acquis par le sportif tout au long de sa vie se maintiennent et s’avèrent très intéressants, particulièrement chez la femme après la ménopause. L’un des objectifs est évidemment de réduire le risque de fracture.

Faut-il encore des preuves que le sport rend les enfants non seulement épanouis, mais est aussi à l’origine de leur capital santé adulte ?

Philippe Schmit