Union sacrée entre les joueuses de l’OM et les collégiennes M24

Incroyable rencontre entre les pros et 24 élèves engagées dans le programme « Le Foot donne des Elles » développé par notre association pour promouvoir le football féminin à l’intérieur des collèges. On a vécu un après-midi de rêve.

Il était 16h15 en ce dernier mardi de février 2025 dans la cour du collège Chevreul Champavier à Marseille et l’on assista à un instant de grâce lorsque des élèves de 6e vinrent enlacer la gardienne de l’Olympique de Marseille. Se blottir contre Chloé N’Gazi et son mètre quatre-vingt, qui en avait les larmes aux yeux.

Ces collégiennes participant au programme mis en place par M24 « Le Foot donne des Elles » et soutenu par Treizième Homme, la branche sociale de l’OM, venaient de partager deux heures intenses avec cinq joueuses professionnelles. Et à cet instant-là, elles devaient quitter à regret leur nouvelle amie.

Les chefs d'établissement Eric Ferrari et Dominique Santelli ont accueilli les joueuses en présence de la conseillère départementale Marine Pustorino et de la présidente de M24, Muriel Pruvot (photos Ph.S)

Pas de burger la veille d’un match !

Il faut dire que Chloé comme ses coéquipières – Marie-Charlotte Léger, Ninon Blanchard, Grazziella Mazza et Dona Scannapieco – n’ont pas fait les choses à moitié. Après l’accueil des chefs d’établissements du 1er et du 2nd degrés de Chevreul Champavier – Eric Ferrari et Dominique Santelli -, de la conseillère départementale Marine Pustorino et de la présidente de M24, Muriel Pruvot, les Olympiennes ont échangé durant 45 minutes avec les 24 filles fans de ballon rond. Et les questions ont fusé !

Ninon Blanchard, défenseur central, en grande discussion avec des collégiennes.

Angèle : « Vous vous entraînez combien de fois par semaine ? » 5 séances de terrain et deux séances de musculation par semaine, match le dimanche, repos le lundi, répond l’attaquante Marie-Charlotte Léger. Sarah : « Est-ce que vous avez le droit de manger tout ce que vous voulez ? » On mange de tout, comme tout le monde, mais on fait attention, précise Chloé. Il faut bien s’hydrater toute la journée, et pas de fast-food les veilles de match ! Yasmine : « Quel est votre meilleur souvenir ?  » Mon premier but à l’OM, c’était contre Lens, indique Dona.

Marie-Charlotte Léger a signé des dizaines d'autographes et fait plein d'heureux !

« Nos adversaires sont surmotivées parce qu’on est l’OM »

Les joueuses ont expliqué avoir un emploi du temps rigoureux. Devoir faire une sieste l’après-midi. Actuellement 3e du championnat de France de Ligue 2, leur objectif est de monter en Ligue 1 en mai prochain. Mais, comme pour l’équipe masculine des Rongier, Gouiri et Maupay, les filles de l’OM sont « attendues partout au tournant, explique Marie-Charlotte Léger. Nos adversaires sont à 200% parce qu’on est l’OM. Elles sont surmotivées et on doit se surpasser« . Et c’est donc encore plus difficile de gagner.

Chloé N'Gazi, la gardienne de l'OM, au milieu des collégiennes. Beaucoup de complicité entre elles...

Grazziella : « Je fais des études de psycho en distanciel, ce n’est pas facile »

Autre aspect qui a intéressé les élèves, dont certaines évoluent en club, en plus de l’entraînement chaque mardi dans la cour du collège, la question des études. Ninon Blanchard, défenseur de 26 ans en provenance de l’AS Saint-Etienne où elle a joué onze ans, est titulaire d’un diplôme de professeure d’éducation physique et rejoindra peut-être l’enseignement en fin de carrière.

Chloé, la gardienne, possède une licence en communication. Marseillaise pur sucre, Grazziella Mazza a 19 ans et évolue depuis cinq ans à l’OM. « J’ai eu mon Bac et je suis inscrite en licence de psychologie. Je suis les cours en distanciel, ce n’est pas du tout facile de faire des études en étant joueuse professionnelle.« 

3 matchs arbitrés par Thomas Klosowski de Treizième Homme ont eu lieu devant des centaines d'élèves et des enseignants.

Dormir, la condition pour être en forme

Et le téléphone portable, les réseaux sociaux ? Comment y échapper ou en tout cas ne pas y passer tout son temps ? « Parfois je me rends compte qu’il est 23 heures et que je suis toujours sur Insta ! lâche Chloé. Alors je coupe vite car il faut absolument dormir 9 heures. Le sommeil est la condition pour être en forme. »

Ces échanges ont sans doute donné envie à ces collégiennes de continuer à rêver de carrières sportives. D’autant que l’après-midi s’est poursuivi avec une série de matchs dans la cour, devant les élèves et notamment les garçons venus encourager les équipes et bien sûr faire signer des autographes. Mais avant tout ceci, orchestré par un des accompagnateurs de l’OM Bruno Velia, a retenti un phénoménal « Aux armes ! Nous sommes les Marseillais ! » Quel joli moment de communion avec ces élèves, ces profs, ces athlètes !

Photo finale pour célébrer cette rencontre inoubliable.

Vive le foot féminin, vive la mixité !

Eric Ferrari, chef d’établissement, pouvait se féliciter de cette belle leçon de mixité incarnée par ce programme éducatif en lien avec M24, « qui permet de briser les stéréotypes« . Muriel Pruvot confirme : « Dans les dix collèges participants au Foot donne des Elles, cela donne une dynamique nouvelle. Généralement, ce sont les garçons qui jouent au ballon et occupent la cour. Eh bien cette démarche permet aux filles de reprendre en force la cour de récréation ! »

Et l’élue Marine Pustorino d’enfoncer le clou : « Merci M24 pour tout ce que vous faites pour les établissements publics et privés. Le sport est important dans la vie de tous les jours et c’est un vecteur qui permet de grandir dans de bonnes conditions.« 

« Les parents nous remercient »

Franck Maniccia, l’intendant du collège, et Manon Huglo, adjointe à la vie scolaire et psychologue, pouvaient savourer le moment exceptionnel. Car ce sont eux qui encadrent les 24 petites joueuses. Mais de l’avis de Manon, le projet rayonne sur tous les élèves. « On s’est rendu compte que c’est important pour la cohésion de tous les 6e, y compris les garçons. Et ça va au-delà. Les parents des joueuses nous remercient de leur permettre de vivre ce projet.« 

Des élèves ont même fait dédicacer leurs... chaussettes ! Ce qui a bien fait rire les joueuses de l'OM. "Je vais l'encadrer dès que je rentre à la maison !" confiera une collégienne.

Les collégiennes ont en effet partagé deux heures de joie intense. Les pros l’ont bien compris, elles qui se sont régalé à jouer avec les jeunes filles et à signer des autographes, jusque sur des chaussettes ! Finalement, elles avaient également bien du mal à s’en aller vers l’OM Campus, leur camp de base. « On est surpris de la disponibilité des gens de l’OM« , se réjouit Manon Huglo dont les petites joueuses participeront au tournoi inter-établissements M24-Treizième Homme le 23 juin prochain à l’OM Campus justement. Et Treizième Homme va leur offrir une tenue complète à chacune !

« On vous reverra ? » lance une élève à Chloé ? Qui répond : « Venez nous voir jouer quand vous voulez le dimanche ! » Rendez-vous est pris, M24 fera passer les places aux établissements scolaires !

Bruno Velia et Ninon Blanchard célèbrent la victoire avec leur équipe de collégiennes !

C’est pas du bla-bla !

Tout le collège Chevreul Champavier s’est mobilisé en cette fin d’hiver. A la sortie de l’établissement, une quinzaine de garçons cette fois étaient encore agglutinés pour applaudir les joueuses professionnelles. Quelqu’un avait même passé l’écharpe bleu et blanche à la statue de la Sainte-Vierge qui trône dans le hall d’accueil… Quand on parle d’union sacrée dans cette ville autour de son club de foot, ce n’est pas que du bla-bla !

Ecrans, nuggets, canapé : c’est pas le régime qu’il faut !

Vous avez lu les dernières enquêtes publiées à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce 4 février 2025 ? Elles pointent une augmentation des cancers chez les sujets jeunes : en France, 15 000 patients de 20 à 40 ans ont été touchés par un cancer en 2022. L’étude publiée en décembre 2024 dans The Lancet Oncology révèle que les cancers devraient augmenter de 12% dans le monde chez les 15-39 ans d’ici 2050.

S’exprimant à l’occasion de cette journée, le professeur marseillais de cancérologie Fabrice Barlési – il dirige désormais le plus grand centre de lutte contre le cancer en Europe, l’Institut Gustave Roussy à Paris – a dit redouter carrément pour les jeunes un « tsunami auquel il faut se préparer« . Notamment concernant les cancers digestifs.

Le coeur des ados pompe moins bien

Cette tranche d’âge gagnée par le cancer, c’est justement celle que notre association M24 essaie de sensibiliser à modifier son hygiène de vie. Et c’était l’objectif de la conférence organisée justement ce 4 février au sein du lycée Edmond Rostand, implanté juste en face du stade Orange-Vélodrome. La cheffe d’établissement Murielle Guiot-Bourg et la prof d’EPS Gaëlle Loussouarn ont fait appel à nos experts pour informer deux classes d’élèves se destinant aux carrières médico-sociales.

En défricheur, le docteur Hervé Collado, vice-président de M24 et spécialiste de médecine du sport. Il se montre très inquiet. « Par rapport à il y a 30 ans, votre génération a perdu entre 25% et 30% de capacités cardiovasculaires. Votre coeur, votre pompe, fonctionne 30% en moins et n’envoie pas suffisamment de sang vers vos organes. C’est énorme ! »

« Vos artères se bouchent »

La raison principale de cette baisse alarmante de la santé des jeunes Français, c’est bien sûr la sédentarité d’une génération scotchée aux écrans plutôt qu’aux selles de vélo. « Si l’on ajoute l’alimentation ultra transformée et trop riche en gras et en sucre, cela entraîne des maladies. »

Ce discours simple sans être simpliste interpelle les élèves. Le Dr Collado les interroge : quelles sont ces maladies ? Les mains se lèvent : « Le diabète ! » « L’obésité ! » « Les cancers. » « Le cholestérol ». « Il y a aussi les TMS Monsieur ! » Est également évoquée l’hypertension artérielle que les jeunes ne connaissent pas. Une redoutable tueuse silencieuse. « Et vous savez ce que tout ceci entraîne ? lance le médecin. La mort. Car cela bouche les artères et provoque des infarctus, abîme vos organes. Votre génération vivra sans doute moins longtemps que celle de vos parents.« 

« Venez à l’école à pied ! »

Alors que faire ? « A votre âge, une heure d’activité physique est recommandée chaque jour. Monter les escaliers, venir à l’école à pied plutôt qu’en bus, ça compte aussi. Faites du sport le week-end. Mais en réalité, on sait que les jours où vous n’avez pas école, vous bougez deux fois moins. » Satanés écrans !

Enseignant en EPS, Sylvain Carle constate la baisse de forme généralisée de ses élèves, qui s’est accentuée depuis environ cinq ans. Ils courent moins vite et moins longtemps. Il déplore également qu’à 15 ans trop d’élèves soient en surpoids.

Le fast-food voisin se frotte les mains

Un sondage effectué dans leur établissement par les lycéens avant cette conférence a obtenu 124 réponses. Plus d’un élève sur deux déclare ne faire que rarement du sport en dehors des cours obligatoires d’EPS. En contrepoint, ils se nourrissent souvent assez mal. D’ailleurs le fast-food voisin du lycée se frotte les mains.

L’alimentation ultra transformée et bourrée de sucre et de mauvais gras, c’est l’autre levier sur lequel il est possible d’agir pour améliorer la santé des ados. A condition de leur fournir des explications chiffrées. C’est la bataille conduite par la nutritionniste Cécile Capdeville, qui s’est arraché les cheveux à la lecture des autres éléments du sondage : 56% des élèves ne prennent pas de petit-déjeuner devant apporter 25% à 30% des apports caloriques de la journée. Surtout quand on va à l’école et que le cerveau réclame de l’énergie après une nuit de sommeil.

« Buvez de l’eau, fuyez les sodas »

« Vous dîtes que vous préférez dormir plutôt que prendre le temps de manger ? Ce n’est pas une bonne solution. » Il suffit de quelques minutes pour manger idéalement une ou deux tartines et un laitage, un fruit si possible sans oublier de boire de l’eau ou du jus de fruits mais composé de 100% de fruits pressés.

Et le goûter ? « Je le recommande, souligne l’experte. Il doit apporter 10% des apports caloriques. » Là encore, méfiez-vous des biscuits industriels. Préférez le pain avec du chocolat, une banane ou une pomme ou un laitage. « Et buvez de l’eau ! C’est la seule boisson indispensable à notre organisme. Tout le reste est superflu. »

Oui au hamburger… exceptionnellement !

Cécile Capdeville invite les élèves à ne pas manger au fast-food « sauf de manière exceptionnelle« . Or plus de 60% des 124 ados interrogés affirment y déjeuner « une à deux fois par semaine. » « Certains y déjeunent tous les jours » se désole la directrice.

« Bien sûr, c’est bon de manger un hamburger, c’est un plaisir que j’aime moi aussi. Mais seulement de temps en temps. Vous savez que les nuggets contiennent moins de 50% de poulet? ajoute la nutritionniste. Le reste, c’est de la peau ! » Beurk généralisé dans l’assistance… Malheureusement les enfants ne reçoivent jamais ce genre d’informations très concrètes.

Des additifs qui favorisent le cancer

Elle les incite encore à fuir les sodas pleins d’additifs et de sucre caché. Mais 1 élève sur 3 de ce lycée consomme du soda tous les jours et 1 sur 2 « de temps en temps ». Soit 84% !

« Et les sodas light, c’est mieux Madame, non ? » « Bonne question ! Eh bien non. » Prenant une célèbre marque de cola, la nutritionniste déroule sa composition : E150D, c’est du caramel au sulfite d’ammonium soupçonné d’être cancérigène: E951 : c’est de l’aspartame, un additif neurotoxique notamment. Une cannette contient l’équivalent de 7 morceaux de sucre. « Buvez de l’eau !« 

Le wrap bourré de mauvaises calories

Elle projette devant les regards surpris un tableau sur les apports caloriques. Un Big Mac : 509 calories; un wrap poulet-bacon : 609 calories. Une frite moyenne : 341 calories. Et le pompon, c’est que c’est cher et qu’on en ressort avec la faim au ventre quand on est en pleine croissance à 16 ans. Une salade Caesar, c’est seulement 152 calories.

30 questions et 90 minutes plus tard, les élèves repartent en cours. Les graines ont été semées dans les esprits. C’est que veut croire Murielle Guiot-Bourg. « Ils vont réfléchir à ce qu’ils ont entendu et seront peut-être plus attentifs à ce qu’ils mangent« . Attentifs aussi à lâcher un peu leurs écrans ? Le message est passé. On peut toujours rêver ! Surtout si les parents se réveillent à leur tour et s’interrogent également sur leurs pratiques…