A 13 ans, ils ne veulent plus manger n’importe quoi !

La sédentarité et le surpoids font des ravages sur la santé des ados. Ils le savent mais la société de consommation ne leur fait aucun cadeau. Et les parents baissent les bras. M24 a réuni 240 collégiens et deux diététiciennes pour réagir. Ecoutons-les !

Parents, soyez rassurés ! Vos ados sont plutôt soucieux de ce qu’ils mangent et de leur santé en général. Ils ont compris que la diversité alimentaire, l’hydratation et la pratique sportive sont essentielles à leur équilibre.

 

Voilà le premier enseignement de la conférence proposée par M24 et intitulée « Surpoids: et si on en parlait ?« , à laquelle ont participé 240 élèves de 4e et de 3e ce mercredi 8 mars au sein de l’Institution Sainte-Trinité (Marseille, 9e arrondissement). Les enfants sont donc au courant de ces problématiques.

 

La tyrannie du corps parfait, galbé, musclé

 

Ils constituent cependant des cibles privilégiées sur les réseaux sociaux où ils s’abreuvent et où ils font l’objet d’un matraquage sur la tyrannie du corps parfait, galbé pour les filles, musclé pour les garçons. Un élève de 3e interroge : « Quels conseils me donnez-vous pour prendre du poids ?« , sous -entendu : de la masse musculaire.

 

Des influenceurs grassement rémunérés pour cela vantent sur les réseaux les régimes (souvent payants), des méthodes non validées scientifiquement, des produits de prise de masse (potentiellement dangereux pour des mineurs) ou des sports (parfois onéreux) pour y arriver, sans parler des applications vendues comme « miraculeuses ».

Les porte-parole de la classe de 4e B qui a réalisé l’enquête sur la nutrition auprès de 105 collégiens

 

« Perdre 2 kilos en 3 jours… »

Toutefois, ces jeunes savent-ils réellement comment affronter le danger du surpoids voire de l’obésité (un obèse a une espérance de vie réduite de dix ans) qui les guette ? Aujourd’hui un jeune sur quatre est en surpoids en France, ce chiffre flambe d’une enquête de santé publique à l’autre (et les adultes font pire puisque c’est quasiment un sur deux !). Les causes sont connues de tous : la sédentarité, et l’usage immodéré des écrans qui y est lié, la malbouffe ou la bouffe à toute heure.

 

A entendre l’avalanche de questions surgies des rangs des élèves réunis hier, on peut douter qu’ils possèdent les moyens d’affronter le tsunami de gras et de sucre qui nous cerne. Petit florilège : « Comment peut-on perdre 2 kilos en 3 jours? » « Est-ce que le jeûne est intéressant à pratiquer? » « Peut-on sauter un repas pour maigrir ? » « C’est bien de manger des pâtes au goûter, avant d’aller m’entraîner ? » Réponses : Non, non, non, et… non!

 

Audrey Formosa, professeure à Sainte-Trinité et coordinatrice de l’enquête de la classe de 4e B

 

1 Coca = 8 morceaux de sucre

Les deux diététiciennes mobilisées pour cette conférence ont eu du pain sur la planche. Morgane Catala-Roigt (Hôpital Saint-Joseph) a rappelé les aliments essentiels à consommer aux repas de midi et du soir pour un ado : une viande ou assimilé, des légumes, des féculents, un laitage et un fruit ou dérivé. Elle a insisté sur la surconsommation de gras et de sucre : les sodas, les pâtes à tartiner, les barres chocolatées en sont bourrés. On trouve l’équivalent de 8 morceaux de sucre dans une canette de Coca-Cola ! Pour les nutritionnistes, la consommation de ces aliments plaisir devrait rester exceptionnelle dans la semaine alors qu’ils font quelquefois partie d’une alimentation quasi quotidienne en 2023, ou en tout cas plusieurs fois par semaine.

 

Laura Larlet (Sodexo) devant les classes de 3e.

 

Laura Larlet, diététicienne à la Sodexo, l’entreprise de restauration collective, a montré un tableau très intéressant sur l’équivalent en cuillérées à soupe d’huile pour ces aliments. Ainsi le petit sachet de chips de 30g, c’est 2 cuillérées. « C’est énorme, surtout qu’en général on mange 2 ou 3 sachets. » Une portion de 100g de frites ? 2,5 cuillérées ! Bien souvent à la maison un ado va en dévorer 200g sinon plus. Une bombe calorique !

 

Morgane Catala-Roigt (Hôpital Saint-Joseph).

 

Les céréales du matin : y a de l’abus !

Les élèves de 4ème B avaient conduit pour l’occasion, avec leur professeure Audrey Formosa, une enquête remarquable sur leur consommation quotidienne, qu’ils ont communiquée à l’ensemble des participants à la conférence. Ils se sont ainsi rendu compte que 10% des élèves sautent le repas du soir, ou encore qu’une proportion importante de filles notamment ne pratique aucun sport en dehors de l’école. 59% des filles et garçons estiment que les fruits et légumes sont les aliments les moins consommés au quotidien, mais 89% mangent des gâteaux et des sucreries.

 

Et puis ces enfants de 13 ans ont plongé dans le bol matinal des céréales ultra-transformées du type « Trésor » pour se rendre compte que ce n’était pas 30g, comme il est recommandé, que les gourmands avalaient, mais 100g ! Une sacrée dose de sucre et de gras. Même analyse sur les menus des fast-food. Les élèves ont pointé que l’apport calorique y est beaucoup trop important, et les apports nutritionnels sont déséquilibrés (pas de légume ni de fruit ni généralement de laitage).

 

« Les enfants ne boivent pas assez d’eau »

Morgane Catala-Roigt a insisté sur deux choses : 1- ne jamais faire de régime quand on est adolescent sans un suivi médical, ni se priver de certains aliments, et encore moins sauter des repas ou pratiquer le jeûne pour maigrir : « Ce sont de très mauvaises idées ! Vous êtes en pleine croissance et vous avez besoin de tous les apports nutritionnels d’une alimentation variée. » 2- boire de l’eau. « Le matin, il faut absolument hydrater votre corps, or beaucoup de personnes ne prennent pas du tout de petit-déjeuner. C’est une erreur pour deux raisons : d’abord votre corps a besoin d’eau pour fonctionner, régénérer les cellules, car il est constitué d’eau à 70%; et ensuite, si vous sautez ce repas, cela veut dire que vous ne vous alimentez pas entre 20h le soir et 12h le lendemain, soit durant 16h ! Du coup vous aurez faim vers 10h, vous ne serez pas bien pour travailler, et vous allez vous goinfrer à midi, et ça, c’est très mauvais !« 

 

« A la cantine, on est obligé d’avaler à toute vitesse »

Les élèves ont aussi signalé les aberrations du système scolaire qui empile les heures de cours parfois au détriment de leur santé. A la nutritionniste de l’hôpital qui insistait sur la nécessité de prendre son temps pour manger – « Un repas ça doit durer 45 minutes au moins » -, de bien mastiquer afin que notre cerveau ait la sensation de plaisir et de satiété et que la salive joue son rôle pour faciliter la digestion de l’estomac et éviter l’impression de lourdeur, un garçon interroge : « On n’a qu’une demi-heure pour manger, alors on est obligé d’avaler à toute vitesse, comment faire ?« 

 

Les légumes en boîte, moins chers et très bien

Autre interrogation dérangeante adressée aux expertes, qui recommandent à juste titre de varier les sources de protéines en mangeant du poisson, comme du saumon par exemple : « Le poisson, ça coûte cher, comment se nourrir bien dans ces conditions? » lance un garçon de 3ème. Difficile de répondre. « Il n’y a pas de honte à manger du poisson vendu en surgelé, c’est le même apport et c’est souvent moins cher, plaide Morgane Catala-Roigt. Les conserves, c’est aussi très bien, notamment pour les légumes. Parlez-en à vos parents !« 

 

Ces échanges ont dû faire l’objet de quelques discussions animées le soir-même avec les parents justement, autour des spaghettis-bolognaise (validés par les nutritionnistes, ouf! A condition qu’ils soient accompagnés d’une salade et d’un yaourt). Astuce délivrée par les diététiciennes : vu que les enfants n’aiment généralement pas trop les légumes cuits, pensez à les préparer en crudités, ça passe bien mieux : batônnets de carotte, de concombre, tomates-cerises…

 

Les nutritionnistes ont donné des idées de menus aux élèves

 

La société qui repose sur l’ultra consommation et le législateur qui accepte le matraquage des industriels de l’agroalimentaire et des chaînes de fast-food prenant pour cibles les enfants sur les réseaux sociaux, l’institution scolaire qui ne laisse pas suffisamment de temps aux enfants pour déjeuner, comme les parents qui baissent les bras en ne sacralisant plus le temps des repas, tout ce petit monde devrait donc se remettre en question. Car nos enfants ont conscience des dangers pour leur santé et ne demandent qu’à mieux se nourrir.

 

C’est le collège-lycée de l’ORT (Marseille, 10e arrondissement), également membre de M24, qui accueillera la prochaine conférence dirigée par le docteur Hervé Collado, vice-président de M24.

Alexis Sanchez, sa leçon de courage époustouflante

Le rameur marseillais a bien débuté l’année de préparation vers les JO en remportant le titre de champion de France en para-aviron indoor sur 500m. La détermination farouche de cet élève ingénieur est née de sa volonté de dépasser le drame qui l’a frappé voilà 3 ans, quand il a perdu ses deux jambes dans un accident de moto.

Il déplace des montagnes… sur l’eau ! Tout en poursuivant sa formation d’ingénieur en alternance à Nice, Alexis Sanchez passe son temps libre à ramer du côté de l’Estaque, à Marseille, avec l’école d’aviron et d’inclusion par le sport, l’Avi Sourire. C’est au cours de sa rééducation que le jeune accidenté de moto a découvert cette discipline et il s’y est jeté à corps perdu. Sa détermination a fait le reste, comme il vient encore de le prouver ce week-end à Paris aux championnats de France et d’Europe indoor.

Alexis Sanchez a remporté le titre de champion de France 500m et de vice-champion d’Europe 2000m en aviron indoor le week-end dernier à Paris (Photo DR)

« Je bats tous mes records »

En remportant le titre de champion de France et de vice-champion d’Europe sur 500m, plus celui de vice-champion de France sur 2000m, Alexis a pu tester sa performance physique et son évolution. Car la marche qu’il vise est haute : la qualification pour les Jeux Olympiques et Paralympiques en France l’an prochain.

« Je bats tous mes records personnels sur cette compétition, ce qui est de bon augure pour la suite, se réjouit le rameur. Ce n’était pas qualificatif pour les JO ni pour l’équipe de France car ce n’était pas sur le bateau, mais ça donne une bonne idée de la performance physique du rameur et de son évolution. Et les résultats intéressent forcément l’équipe de France. »

Le jeune homme poursuit sa préparation et va retrouver les épreuves sur l’eau à partir du 19 mars à l’occasion de la « Tête de rivière nationale de Marignane », puis le 2 avril à Aiguebelette en Savoie. Le championnat de France bateaux courts à Cazaubon, ce sera le 15 avril.

« Profitez de vos jambes ! »

Ce qui force l’admiration de tous ceux qui approchent ce jeune ingénieur en innovation digitale, c’est d’abord sa gentillesse. Il est d’une bienveillance absolue, comme nos élèves qui l’ont croisé l’automne dernier à l’occasion de la conférence de lancement de M24 peuvent en témoigner. En substance, Alexis leur a lancé : « Je n’ai plus mes jambes à cause d’un accident avec mon scooter à trois roues survenu il y a trois ans. Vous, vous avez les vôtres. Alors profitez-en pour faire du sport et vivre pleinement ! » L’assemblée des 200 personnes présentes ce soir-là a pris une sacrée leçon de vie, incroyablement stimulante !

Quelle abnégation cependant pour surmonter ce drame qui t’assomme littéralement. Interventions chirurgicales multiples, rééducation douloureuse et interminable où il faut réapprendre chaque posture, adapter tout l’environnement aux gestes du quotidien. Quelle force de caractère pour se raccrocher à la vie qui bascule à 21 ans, où tu réchappes de la mort par miracle, et où tu comprends en un flash que plus rien ne sera jamais pareil.

Soigné, appareillé, Alexis a ensuite repris ses études d’ingénieur et rien ne l’arrête désormais dans sa volonté de vivre. De partager. De transmettre aussi.

Avec nos enfants le 4 avril à Marseille !

Alexis Sanchez est non seulement devenu ce soir-là un modèle de courage et de ténacité pour les élèves, leurs parents, les enseignants et toute la team M24, mais il a été choisi naturellement comme l’ambassadeur de l’association pour un sport à 100% inclusif. D’ailleurs, entre deux coups de rame, il a promis de venir parrainer la Journée Olympique et Paralympique que M24 organisera mardi 4 avril sur le stade di Giovanni à Endoume.

Des enfants, valides et en situation de handicap, du CM1 à la terminale, venus de la douzaine d’établissements scolaires ayant déjà rejoint M24, vont se rencontrer pour des matchs de foot et de ballon, des relais, et surtout un fantastique moment de partage. Ce sont ces instants qui changent ton regard sur les autres et sur la vie. Et qui te donnent envie de courir, de courir, de courir…. Et de vivre chaque jour à fond quand tu as la chance de pouvoir le faire.

Philippe SCHMIT