Entre 10 et 15 ans, les enfants sportifs fabriquent leurs vieux os !

Une pratique soutenue dès l’enfance de sports comme le saut ou la course à pied garantirait un capital osseux renforcé durant toute la vie. L’apparition de l’ostéoporose tant redoutée après 60 ans serait retardée de 13 ans Voilà qui vaut le coup de s’y mettre !

Pour faire de vieux os, il est conseillé de pratiquer une activité physique intensive notamment avant et juste après la puberté. Tel est le résultat des recherches conduites par le laboratoire Inserm U1059 basé à Saint-Etienne. Sa directrice, le docteur Laurence Vico, en est convaincue : une pratique sportive soutenue dans l’enfance renforce le capital osseux, et cela pour la vie entière.

On connaissait déjà l’importance du développement, entre 6 et 17 ans, des capacités cardiovasculaires et cardiorespiratoires. Elles vont impacter notre – bonne ou moins bonne santé – toute la vie. D’ailleurs la sédentarité galopante depuis quelques années a fait chuter d’au moins 25% la capacité cardiovasculaire des jeunes de 2020 par rapport à ceux de 1980. Un recul phénoménal.

Tous les indicateurs dans le rouge

Malheureusement, tous les indicateurs vont dans le même sens. Les capacités physiques des enfants ont baissé au fil des dernières décennies, notamment en raison d’une activité physique et sportive moindre.

L’étude pilotée par le professeur François Carré (CHU de Rennes) pour le collectif « Pour une France en forme » auprès de 9000 collégiens français, et rendue publique lundi 6 février 2023, brosse un tableau alarmant des capacités physiques des petits Français (voir notre article précédent : « Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants. ») : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987 (date d’une première enquête) ». Chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses.

« On est face à un tsunami »

« On est en face d’un tsunami d’inactivité physique et de sédentarité, prévient le médecin. Personne ne bouge parce qu’on ne sait pas que c’est dangereux. » Il est pourtant facile d’inverser cette courbe quand les enfants et adolescents sont encouragés à pratiquer de l’activité physique. Ils regagnent rapidement des capacités cardiovasculaires, respiratoires et musculaires.

Le constat vaut également pour les os. Or on sait que l’ostéoporose est un fléau à partir de 60 ans, qui touche prioritairement les femmes (2 à 3 fois plus que les hommes); elles seraient 3 millions à en souffrir en France. Cette fragilisation des os aboutit souvent à des fractures, des douleurs, un tassement du corps.

Ostéoporose retardée de 13 ans !

Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’activité physique soutenue dans l’enfance permettrait un gain très significatif. « Les études biomécaniques vont toutes dans le même sens, souligne le Dr Vico : l’exercice physique intense en période péripubertaire apporte des bénéfices durables vis-à-vis des paramètres géométriques de l’os. Un capital osseux incrémenté de 10% à ces âges retarderait le début de l’ostéoporose de 13 ans. » Cette communication, faite au sein du Groupe de recherche sur les ostéoporoses fin janvier à Paris, est rapportée par l’excellent site professionnel Medscape.

Sports de saut, course à pied et rando plébiscités

Les sports jugés les plus bénéfiques dans cette acquisition du capital osseux sont l’haltérophilie, les sports de saut, la course à pied et la randonnée. En exerçant une charge sur l’appareil locomoteur entier, ils stimulent la formation de masse osseuse. On pensait que le cyclisme et la natation étaient moins propices en ce domaine, même s’ils ont d’autres qualités essentielles. Eh bien ce n’est pas totalement vrai ! Ainsi les dernières données scientifiques estiment qu’une augmentation de la masse osseuse pourrait aussi survenir chez les nageurs, au niveau des membres supérieurs. Idem chez les joueurs de tennis.

Le sport à l’âge adulte perpétue ce patrimoine

La pratique du sport durant la vie adulte permet en outre de conserver une densité minérale osseuse plus élevée par la suite. Elle aiderait à prévenir la perte osseuse due au vieillissement. Bref, les gains acquis par le sportif tout au long de sa vie se maintiennent et s’avèrent très intéressants, particulièrement chez la femme après la ménopause. L’un des objectifs est évidemment de réduire le risque de fracture.

Faut-il encore des preuves que le sport rend les enfants non seulement épanouis, mais est aussi à l’origine de leur capital santé adulte ?

Philippe Schmit

Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants

3 enfants sur 5 qui entrent en 6e ne savent pas enchaîner quatre sauts à cloche-pied. Une nouvelle étude conduite sur 9 000 petits Français révèle des capacités physiques en net recul.

L’alarme n’en finit pas de retentir dans les écoles françaises. Depuis 50 ans, le capital santé des jeunes fond comme neige au soleil.

On savait déjà qu’en 40 ans, les enfants avaient perdu 25% de leur capacité cardiovasculaire. En 1980, quand il voulait voir un copain, aller à son entrainement de basket ou se rendre à l’école, le minot avait, au choix, ses pieds ou son vélo. Aujourd’hui papa-maman le conduit en voiture, et en ville c’est le métro, le tramway sinon la trottinette électrique qui sont plébiscités (quand ce n’est pas Uber).

En 2023, marcher 20 ou 30 minutes pour rejoindre son lycée est devenu quasi inenvisageable. A l’époque moyenâgeuse de Packman, jouer consistait à taper dans un ballon dans la rue ou au square. En 2023, jouer c’est souvent s’enfermer devant un ou deux écrans dans son plumard.

Les enfants courent moins vite qu’en 1987

Que nous apprend cette nouvelle enquête financée par le ministère des Sports et l’assureur Matmut, qui a évalué le niveau de 9 000 élèves de 6e âgés de 10 à 12 ans ? Elle a analysé dans trois régions françaises et à travers de simples exercices les capacités respiratoires, cardiovasculaires et musculo-squelettiques.

Le journal Le Parisien, qui a dévoilé l’étude, rapporte d’abord que le test a dû être adapté et démarrer à 6 km/h (au lieu de 8) « car on présageait que le niveau de certains enfants ne pourrait pas répondre au premier palier« , précise le professeur François Carré, physiologiste cardiovasculaire et cardiologue du sport au CHU de Rennes. Les enfants ont couru à une vitesse maximale moyenne de 10,2 km/h, un chiffre en recul de 1 km/h pour les garçons et 0,6 km/h pour les filles depuis 1987.

Plusieurs enseignants interrogés par nos soins dans des écoles à Marseille confirment une baisse des capacités physiques. Elle se traduit même chez certains par un manque de coordination de gestes élémentaires, comme attraper un ballon.

Les enfants en surpoids vont tous avoir un accident cardiovasculaire

« Les chiffres sont très mauvais, souligne le professeur Carré auprès du Parisien, car au minimum la capacité physique devrait rester stable » (entre 1987 et 2023). La sentence qui suit est terrible : « Aujourd’hui, un sujet de 65 ans qui est actif, sans être sportif, ferait mieux que les jeunes. » Et le médecin enfonce le clou : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987.« 

Vice-président de M24, le docteur Hervé Collado, médecin du sport à Marseille (il est référent en traumatologie du sport pour l’APHM et médecin-chef de la clinique Saint-Martin Sport), a pour sa part cette formule saisissante : « On est sans doute face à la première génération, nos enfants donc, qui vivra moins longtemps que celle de ses parents. »

Entre 2 et 7 ans, un enfant sur 2 est trop gros

En cause, la flambée du surpoids et de l’obésité chez les jeunes gens. Selon l’enquête Obépi de 2020, chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses, dont une majorité de garçons. L’espérance de vie d’une personne obèse est réduite de dix ans.

Déjà en 2020, 49% des jeunes de 11 à 17 ans en France présentaient un « risque sanitaire très élevé » selon l’ANSES, en passant plus de 4h30 par jour devant les écrans et/ou en pratiquant moins de 20 minutes d’activité physique. Et c’était avant le Covid et ses effets catastrophiques en matière de pratique sportive.

On peut rapidement inverser la tendance

Toutefois, l’étude dévoilée ce lundi 6 février livre quelques raisons d’espérer. Une partie des 9 000 collégiens testés a été soumise à un entraînement fractionné individualisé, avec deux séances par semaine de 15 minutes, pendant un mois et demi. Et les résultats sont très encourageants. « Quand on suit l’entraînement spécifique qui est proposé, on a une augmentation de 235% de la capacité physique« , note le Pr Carré.

Il est plus que temps de se réveiller. Car tous les indicateurs vont dans le même sens : que l’on soit enfant ou adulte, jeune ou même très âgé, il n’y a pas mieux que l’activité physique pour vivre mieux. La preuve : elle réduit de 58% le risque de diabète, de 30% les risques de dépression et de 25% ceux de cancer du sein et d’accident vasculaire cérébral (chiffres : Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, en 2019).

Alexis Sanchez, sa leçon de courage époustouflante

Le rameur marseillais a bien débuté l’année de préparation vers les JO en remportant le titre de champion de France en para-aviron indoor sur 500m. La détermination farouche de cet élève ingénieur est née de sa volonté de dépasser le drame qui l’a frappé voilà 3 ans, quand il a perdu ses deux jambes dans un accident de moto.

Il déplace des montagnes… sur l’eau ! Tout en poursuivant sa formation d’ingénieur en alternance à Nice, Alexis Sanchez passe son temps libre à ramer du côté de l’Estaque, à Marseille, avec l’école d’aviron et d’inclusion par le sport, l’Avi Sourire. C’est au cours de sa rééducation que le jeune accidenté de moto a découvert cette discipline et il s’y est jeté à corps perdu. Sa détermination a fait le reste, comme il vient encore de le prouver ce week-end à Paris aux championnats de France et d’Europe indoor.

Alexis Sanchez a remporté le titre de champion de France 500m et de vice-champion d’Europe 2000m en aviron indoor le week-end dernier à Paris (Photo DR)

« Je bats tous mes records »

En remportant le titre de champion de France et de vice-champion d’Europe sur 500m, plus celui de vice-champion de France sur 2000m, Alexis a pu tester sa performance physique et son évolution. Car la marche qu’il vise est haute : la qualification pour les Jeux Olympiques et Paralympiques en France l’an prochain.

« Je bats tous mes records personnels sur cette compétition, ce qui est de bon augure pour la suite, se réjouit le rameur. Ce n’était pas qualificatif pour les JO ni pour l’équipe de France car ce n’était pas sur le bateau, mais ça donne une bonne idée de la performance physique du rameur et de son évolution. Et les résultats intéressent forcément l’équipe de France. »

Le jeune homme poursuit sa préparation et va retrouver les épreuves sur l’eau à partir du 19 mars à l’occasion de la « Tête de rivière nationale de Marignane », puis le 2 avril à Aiguebelette en Savoie. Le championnat de France bateaux courts à Cazaubon, ce sera le 15 avril.

« Profitez de vos jambes ! »

Ce qui force l’admiration de tous ceux qui approchent ce jeune ingénieur en innovation digitale, c’est d’abord sa gentillesse. Il est d’une bienveillance absolue, comme nos élèves qui l’ont croisé l’automne dernier à l’occasion de la conférence de lancement de M24 peuvent en témoigner. En substance, Alexis leur a lancé : « Je n’ai plus mes jambes à cause d’un accident avec mon scooter à trois roues survenu il y a trois ans. Vous, vous avez les vôtres. Alors profitez-en pour faire du sport et vivre pleinement ! » L’assemblée des 200 personnes présentes ce soir-là a pris une sacrée leçon de vie, incroyablement stimulante !

Quelle abnégation cependant pour surmonter ce drame qui t’assomme littéralement. Interventions chirurgicales multiples, rééducation douloureuse et interminable où il faut réapprendre chaque posture, adapter tout l’environnement aux gestes du quotidien. Quelle force de caractère pour se raccrocher à la vie qui bascule à 21 ans, où tu réchappes de la mort par miracle, et où tu comprends en un flash que plus rien ne sera jamais pareil.

Soigné, appareillé, Alexis a ensuite repris ses études d’ingénieur et rien ne l’arrête désormais dans sa volonté de vivre. De partager. De transmettre aussi.

Avec nos enfants le 4 avril à Marseille !

Alexis Sanchez est non seulement devenu ce soir-là un modèle de courage et de ténacité pour les élèves, leurs parents, les enseignants et toute la team M24, mais il a été choisi naturellement comme l’ambassadeur de l’association pour un sport à 100% inclusif. D’ailleurs, entre deux coups de rame, il a promis de venir parrainer la Journée Olympique et Paralympique que M24 organisera mardi 4 avril sur le stade di Giovanni à Endoume.

Des enfants, valides et en situation de handicap, du CM1 à la terminale, venus de la douzaine d’établissements scolaires ayant déjà rejoint M24, vont se rencontrer pour des matchs de foot et de ballon, des relais, et surtout un fantastique moment de partage. Ce sont ces instants qui changent ton regard sur les autres et sur la vie. Et qui te donnent envie de courir, de courir, de courir…. Et de vivre chaque jour à fond quand tu as la chance de pouvoir le faire.

Philippe SCHMIT