Surpoids : les collégiens enquêtent

21% des 8-17 ans sont en surpoids en France. 240 collégiens ont rendez-vous pour en parler.

C’est ce mercredi 8 mars que se déroulera la conférence « Surpoids: et si on en parlait? », destinée aux 240 élèves de 4e et 3e de l’Institution Sainte-Trinité (13009 Marseille). Pour échanger avec eux, deux nutritionnistes : Morgane Catala-Roigt de l’Hôpital Saint-Joseph et Laura Larlet de l’entreprise de restauration Sodexo.

A noter l’initiative d’une classe de 4e pilotée par leur enseignante Audrey Formosa. Ils ont réalisé un sondage sur les habitudes alimentaires des élèves de 4e. Résultats mercredi en ouverture de la conférence, et dans les prochains jours sur notre site et nos réseaux.

En mai, c’est le collège-lycée de l’ORT-Bramson (13010) qui organisera un débat sur le sujet du surpoids à destination de ses élèves.

Chez les enfants de 2 à 7 ans en France, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses (enquête Obépi 2020).

La marche, c’est la santé : voici les preuves !

Marcher, c’est être en meilleure santé. Et c’est encore plus efficace en famille ou entre amis. La preuve avec les arguments du Dr Collado.

Pourquoi forcément vouloir pratiquer des sports exceptionnels pour être en forme ? La marche a des vertus incroyables pour notre coeur, nos artères, notre cerveau, notre moral et notre sociabilité. Elle est en prime un moyen très efficace pour sortir de nos écrans. On n’a pas trouvé mieux depuis l’apparition de l’homme sur terre ! Foi de toubib…

Par le docteur Hervé Collado, médecin du sport

Le docteur Hervé Collado est le médecin chef de la clinique Saint-Martin Sport (Photo Philippe Schmit)

Avez-vous entendu parler de cet acte qui consiste à mettre un pied devant l’autre ? Cet acte qui caractérise l’homme depuis l’acquisition de la bipédie il y a des millénaires ? Simple mais efficace, commune mais si souvent oubliée : la marche mérite d’être remise au goût du jour.

On peut comprendre que les mots « randonnée » « course à pied », « sortie en
vélo » effraient vos adolescents lorsque vous les prononcez au travers de la porte de leur
chambre, espérant naïvement qu’ils vont alors lâcher instantanément leur console et autres tablettes pour vous rejoindre sur les sentiers. Le mot « marche » peut alors paraître plus doux à leurs oreilles, surtout s’il y a un objectif au bout de cette marche.

Le risque d’infarctus baisse de 30%, comme celui de cancer

Une heure de marche par jour a un effet extrêmement positif sur l’organisme, comme le souligne le professeur François Carré, cardiologue au CHU de Rennes et spécialisé dans ce domaine : un cœur plus grand et plus fort par épaississement de ses parois permet la
diminution de la tension artérielle et la baisse de la fréquence cardiaque. Ainsi en pratiquant la marche on diminue de 25 à 30% le risque d’infarctus du myocarde mais aussi la fréquence des AVC.

Mais ce n’est pas tout : la contraction des muscles durant la marche va libérer des hormones qui vont lutter contre le stress oxydatif, qui lui-même est à l’origine de nombreuses pathologies. Ainsi : prévention de certains cancers, effets bénéfiques sur de nombreuses maladies chroniques telle la sclérose en plaques ou bien encore prévention de la maladie d’Alzheimer.

Recul de l’anxiété, le cerveau se repose…

La liste serait longue et probablement non exhaustive, mais il convient également de souligner l’effet de la marche sur la baisse du niveau de stress et d’anxiété. La nécessaire concentration lors de la marche permet au cerveau de se focaliser sur cet acte, tout en mettant de côté à la fois les idées parasites, mais aussi l’environnement parasite tels les écrans, les sons ou les sollicitations diverses.

A 2 heures de Marseille, les Alpes du Sud constituent un formidable terrain de randonnée en famille. (Photo Ph.S)

Cela peut être aussi l’occasion de réaliser un autre acte très simple : se parler, écouter,
rencontrer d’autres personnes. La relation parent-enfant, appauvrie par la technologie de notre monde actuel, peut s’en trouver grandie si l’on parvient à instaurer 1 ou 2 fois par semaine un tel rituel avec nos adolescents.

« Nous risquons de tous devenir obèses »

Et s’ils ne sont pas encore convaincus ? Proposez leur de visionner WALL-E, ce dessin animé de 2008. Il s’agit d’une analyse impitoyable de notre société nous montrant que, si nous ne changeons pas notre façon de vivre, nous risquons tous de devenir obèses et de détruire notre environnement.  

Cette satire richement détaillée de nos contemporains, dans laquelle le monde est peuplé de consommateurs qui passent leurs journées dans des fauteuils, à regarder des pubs sur des écrans d’ordinateur, incapables de marcher et trop paresseux pour penser, colle parfaitement avec les préoccupations de notre association M24. Car il s’agit d’une invitation à refaire le monde avant qu’il ne soit trop tard.

Hervé Collado est médecin du sport, référent traumatologie sportive à l’Assistance Publique -Hôpitaux de Marseille et médecin chef de la clinique Saint-Martin Sport. Il est également vice-président de M24.

Une randonnée, c’est toujours l’occasion de découvertes et de… refaire le monde ! (Photo Ph.S)

Entre 10 et 15 ans, les enfants sportifs fabriquent leurs vieux os !

Une pratique soutenue dès l’enfance de sports comme le saut ou la course à pied garantirait un capital osseux renforcé durant toute la vie. L’apparition de l’ostéoporose tant redoutée après 60 ans serait retardée de 13 ans Voilà qui vaut le coup de s’y mettre !

Pour faire de vieux os, il est conseillé de pratiquer une activité physique intensive notamment avant et juste après la puberté. Tel est le résultat des recherches conduites par le laboratoire Inserm U1059 basé à Saint-Etienne. Sa directrice, le docteur Laurence Vico, en est convaincue : une pratique sportive soutenue dans l’enfance renforce le capital osseux, et cela pour la vie entière.

On connaissait déjà l’importance du développement, entre 6 et 17 ans, des capacités cardiovasculaires et cardiorespiratoires. Elles vont impacter notre – bonne ou moins bonne santé – toute la vie. D’ailleurs la sédentarité galopante depuis quelques années a fait chuter d’au moins 25% la capacité cardiovasculaire des jeunes de 2020 par rapport à ceux de 1980. Un recul phénoménal.

Tous les indicateurs dans le rouge

Malheureusement, tous les indicateurs vont dans le même sens. Les capacités physiques des enfants ont baissé au fil des dernières décennies, notamment en raison d’une activité physique et sportive moindre.

L’étude pilotée par le professeur François Carré (CHU de Rennes) pour le collectif « Pour une France en forme » auprès de 9000 collégiens français, et rendue publique lundi 6 février 2023, brosse un tableau alarmant des capacités physiques des petits Français (voir notre article précédent : « Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants. ») : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987 (date d’une première enquête) ». Chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses.

« On est face à un tsunami »

« On est en face d’un tsunami d’inactivité physique et de sédentarité, prévient le médecin. Personne ne bouge parce qu’on ne sait pas que c’est dangereux. » Il est pourtant facile d’inverser cette courbe quand les enfants et adolescents sont encouragés à pratiquer de l’activité physique. Ils regagnent rapidement des capacités cardiovasculaires, respiratoires et musculaires.

Le constat vaut également pour les os. Or on sait que l’ostéoporose est un fléau à partir de 60 ans, qui touche prioritairement les femmes (2 à 3 fois plus que les hommes); elles seraient 3 millions à en souffrir en France. Cette fragilisation des os aboutit souvent à des fractures, des douleurs, un tassement du corps.

Ostéoporose retardée de 13 ans !

Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’activité physique soutenue dans l’enfance permettrait un gain très significatif. « Les études biomécaniques vont toutes dans le même sens, souligne le Dr Vico : l’exercice physique intense en période péripubertaire apporte des bénéfices durables vis-à-vis des paramètres géométriques de l’os. Un capital osseux incrémenté de 10% à ces âges retarderait le début de l’ostéoporose de 13 ans. » Cette communication, faite au sein du Groupe de recherche sur les ostéoporoses fin janvier à Paris, est rapportée par l’excellent site professionnel Medscape.

Sports de saut, course à pied et rando plébiscités

Les sports jugés les plus bénéfiques dans cette acquisition du capital osseux sont l’haltérophilie, les sports de saut, la course à pied et la randonnée. En exerçant une charge sur l’appareil locomoteur entier, ils stimulent la formation de masse osseuse. On pensait que le cyclisme et la natation étaient moins propices en ce domaine, même s’ils ont d’autres qualités essentielles. Eh bien ce n’est pas totalement vrai ! Ainsi les dernières données scientifiques estiment qu’une augmentation de la masse osseuse pourrait aussi survenir chez les nageurs, au niveau des membres supérieurs. Idem chez les joueurs de tennis.

Le sport à l’âge adulte perpétue ce patrimoine

La pratique du sport durant la vie adulte permet en outre de conserver une densité minérale osseuse plus élevée par la suite. Elle aiderait à prévenir la perte osseuse due au vieillissement. Bref, les gains acquis par le sportif tout au long de sa vie se maintiennent et s’avèrent très intéressants, particulièrement chez la femme après la ménopause. L’un des objectifs est évidemment de réduire le risque de fracture.

Faut-il encore des preuves que le sport rend les enfants non seulement épanouis, mais est aussi à l’origine de leur capital santé adulte ?

Philippe Schmit

Nouvelle étude renversante sur la santé de nos enfants

3 enfants sur 5 qui entrent en 6e ne savent pas enchaîner quatre sauts à cloche-pied. Une nouvelle étude conduite sur 9 000 petits Français révèle des capacités physiques en net recul.

L’alarme n’en finit pas de retentir dans les écoles françaises. Depuis 50 ans, le capital santé des jeunes fond comme neige au soleil.

On savait déjà qu’en 40 ans, les enfants avaient perdu 25% de leur capacité cardiovasculaire. En 1980, quand il voulait voir un copain, aller à son entrainement de basket ou se rendre à l’école, le minot avait, au choix, ses pieds ou son vélo. Aujourd’hui papa-maman le conduit en voiture, et en ville c’est le métro, le tramway sinon la trottinette électrique qui sont plébiscités (quand ce n’est pas Uber).

En 2023, marcher 20 ou 30 minutes pour rejoindre son lycée est devenu quasi inenvisageable. A l’époque moyenâgeuse de Packman, jouer consistait à taper dans un ballon dans la rue ou au square. En 2023, jouer c’est souvent s’enfermer devant un ou deux écrans dans son plumard.

Les enfants courent moins vite qu’en 1987

Que nous apprend cette nouvelle enquête financée par le ministère des Sports et l’assureur Matmut, qui a évalué le niveau de 9 000 élèves de 6e âgés de 10 à 12 ans ? Elle a analysé dans trois régions françaises et à travers de simples exercices les capacités respiratoires, cardiovasculaires et musculo-squelettiques.

Le journal Le Parisien, qui a dévoilé l’étude, rapporte d’abord que le test a dû être adapté et démarrer à 6 km/h (au lieu de 8) « car on présageait que le niveau de certains enfants ne pourrait pas répondre au premier palier« , précise le professeur François Carré, physiologiste cardiovasculaire et cardiologue du sport au CHU de Rennes. Les enfants ont couru à une vitesse maximale moyenne de 10,2 km/h, un chiffre en recul de 1 km/h pour les garçons et 0,6 km/h pour les filles depuis 1987.

Plusieurs enseignants interrogés par nos soins dans des écoles à Marseille confirment une baisse des capacités physiques. Elle se traduit même chez certains par un manque de coordination de gestes élémentaires, comme attraper un ballon.

Les enfants en surpoids vont tous avoir un accident cardiovasculaire

« Les chiffres sont très mauvais, souligne le professeur Carré auprès du Parisien, car au minimum la capacité physique devrait rester stable » (entre 1987 et 2023). La sentence qui suit est terrible : « Aujourd’hui, un sujet de 65 ans qui est actif, sans être sportif, ferait mieux que les jeunes. » Et le médecin enfonce le clou : « Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987.« 

Vice-président de M24, le docteur Hervé Collado, médecin du sport à Marseille (il est référent en traumatologie du sport pour l’APHM et médecin-chef de la clinique Saint-Martin Sport), a pour sa part cette formule saisissante : « On est sans doute face à la première génération, nos enfants donc, qui vivra moins longtemps que celle de ses parents. »

Entre 2 et 7 ans, un enfant sur 2 est trop gros

En cause, la flambée du surpoids et de l’obésité chez les jeunes gens. Selon l’enquête Obépi de 2020, chez les enfants de 2 à 7 ans, 34% sont en surpoids et 18% obèses. Chez les 8-17 ans, 21% sont en surpoids et 6% obèses, dont une majorité de garçons. L’espérance de vie d’une personne obèse est réduite de dix ans.

Déjà en 2020, 49% des jeunes de 11 à 17 ans en France présentaient un « risque sanitaire très élevé » selon l’ANSES, en passant plus de 4h30 par jour devant les écrans et/ou en pratiquant moins de 20 minutes d’activité physique. Et c’était avant le Covid et ses effets catastrophiques en matière de pratique sportive.

On peut rapidement inverser la tendance

Toutefois, l’étude dévoilée ce lundi 6 février livre quelques raisons d’espérer. Une partie des 9 000 collégiens testés a été soumise à un entraînement fractionné individualisé, avec deux séances par semaine de 15 minutes, pendant un mois et demi. Et les résultats sont très encourageants. « Quand on suit l’entraînement spécifique qui est proposé, on a une augmentation de 235% de la capacité physique« , note le Pr Carré.

Il est plus que temps de se réveiller. Car tous les indicateurs vont dans le même sens : que l’on soit enfant ou adulte, jeune ou même très âgé, il n’y a pas mieux que l’activité physique pour vivre mieux. La preuve : elle réduit de 58% le risque de diabète, de 30% les risques de dépression et de 25% ceux de cancer du sein et d’accident vasculaire cérébral (chiffres : Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, en 2019).